Bill Brandt (1904-1983)

Il grandit en Allemagne, le pays d'origine de sa mère, pendant la Grande Guerre. Il réalise ses premiers portraits de studio au cours de ses études d'architecture en Allemagne et en Suisse et débute sa carrière de photographe à Vienne en 1928. Il devient élève de Man Ray à Paris en 1929, une époque privilégiée tant au niveau des avancées techniques (apparition du format 24x36, augmentation de la sensibilité des supports...) que de l'effervescence artistique parisienne et qui marquera définitivement son style. Parti pour Londres en 1931, il y passera le reste de sa vie, devenant un parfait sujet britannique en allant jusqu'à mentir sur son lieu de naissance.
La période des années 30 reste la mieux connue du travail de Bill Brandt, de retour en Angleterre, il s'attache à décrire le quotidien de ses compatriotes d'adoption.

Après guerre, Brandt va se consacrer à d'autres sujets, prenant ses distances avec le style social qui le défini et retrouve l'influence surréaliste de sa formation à Paris. Il réalise ainsi des photographies au grand angle de nus féminins, posant dans des intérieurs victoriens et exploite les potentiels techniques de la prise de vue et du tirage pour obtenir une distorsion de la réalité.

Réalisés dans les années 50 suite à une commande du Harper's Bazaar, des portraits très lisses dans leur mise en scène et où l'environnement, le décor et les objets participent ensemble à la description du modèle. Des images de paysages anglais font également partie de son travail, souvent inspiré par la littérature, paysages sombres et tourmentés, sans autre présence humaine que celle du photographe. La série la plus intéressante de cette période reste celle des nus sur la plage, où Brandt pousse ses recherches sur la distorsion du corps féminin à l'extrême. Le gros plan transfigure alors le corps humain et le fond dans son environnement, la chair devient galet, les courbes se font dunes, et la sensualité parvient néanmoins à s'extraire de cette vision minérale.